ENSEMBLE POUR DEMAIN !

Chers amis, chers confrères,

Jour après jour, j’égrène mes analyses et réflexions que j’intercale avec des fiches techniques pensant être ainsi doublement utile. Une certaine présomption préside sans doute à ce besoin de donner son analyse. Je n’en disconviens pas, mais c’est inconscient et secondaire dans ma démarche.

Ce qui m’anime, c’est un profond besoin d’être en communion avec la profession, de lui faire passer aussi des messages et des raisons d’espérer qui dépassent les lieux communs, les idées toutes faites, le ressentiment et la colère qui nous animent légitimement. Je n’ai jamais pensé que la colère puisse conduire à autre chose qu’à l’aveuglement, à l’égarement en tout cas. C’est à l’opposé de ce dont nous avons besoin, en ces temps troublés.

Il faut élever le niveau de conscience et de réflexion pour élever le niveau d’efficacité de la défense des discothèques et de leurs employés.

Certains s’agacent quand je demande du calme, je le sais -et même je comprends- mais je ne suis pas d’accord. La première vertu en période de crise est de garder calme et lucidité, en tout cas de ne pas céder à l’emportement de l’exaltation immédiate. J’écris cela alors que je suis un passionné et je m’en étonnerais presque moi-même ! simplement s’impose une différence entre la sphère personnelle ou privée et l’espace public, entre le fait de ne céder qu’à ses penchants et le fait d’être en responsabilité d’intérêts collectifs et de destinées collectives. Là, je n’ai pas le droit, en tant que responsable syndical, de dire ou faire n’importe quoi. Avec ceux qui m’entourent, et je le leur répète à l’envi, nous devons éclairer par la raison et non aveugler. Cela ne nous a pas toujours rendu sympathiques ! peu importe, ce n’est pas notre but. Le but est d’être vraiment efficaces et utiles.

Oui j’ai refusé de vous faire prendre des vessies pour des lanternes, oui j’ai refusé un protocole sanitaire de cafetiers qui nous assimilaient aux bars, oui j’ai refusé de vous faire croire qu’on allait rouvrir en Juillet, refusé de vous dire de “rebrancher en conséquence  les machines à glaçons”, oui j’ai refusé de cautionner un “protocole de rechange” dégradé pour nos métiers aussi irréaliste pour nous que pour les autorités (danser autour de tables sur une piste !), refusé de vous faire aménager vos établissements en conséquence, oui j’ai refusé les grands messes  moins utiles à notre profession qu’à la récupération par quelques élus politiques ou syndicaux en mal de considération ou par quelques commerciaux au service des alcooliers, oui j’ai refusé  de vous faire croire en pleine nuit que soudain vous pouviez rouvrir car il n’y avait plus de légalité applicable, oui j’ai refusé (sans la contrer) une “garden partie” qui reflétait l’ancien temps avec des acteurs fatigués, oui j’ai refusé d’apostropher les ministres (le Premier, en tête) dans la rue, oui j’ai refusé les selfies video d’autosatisfaction qu’affectionnent certains en mal d’ego sur Facebook, oui j’ai refusé de vous faire croire que septembre était la ligne d’arrivée … Bref, j’ai toujours dit non à la facilité et à la démagogie.

J’ai la claire conscience qu’en traçant ces lignes, je vais en irriter certains. Qu’ils sachent que je comprends et respecte leurs comportements tant la douleur de la situation l’explique, bien sûr. En tant qu’individu isolé, professionnel perdu, j’aurais peut-être agi de même (?). Ce que je comprends moins c’est l’instrumentalisation du malheur par d’autres. La lucidité est une voie étroite mais nécessaire surtout pour un syndicaliste. J’assume.

Mais oui j’ai plaidé et mis sur pied un autre protocole sanitaire bien plus réaliste et adapté, j’ai placé et préparé les négociations surtout sur le plan économique en privilégiant les aides car je ne croyais pas en d’autre combat pour notre survie, oui je n’ai pas hésité à aller devant le CE, en référé pour gagner du temps, qui a éclairci bien des zones et j’ai participé activement au montage du dossier, oui j’ai rédigé le premier dossier économique sur la profession en temps de crise, fait passer des modifications légales avec le GNI (clause résolutoire des loyers, prolongation et extension des aides, allègement impôts locaux, annulation de la taxe sur les CDD..), oui j’ai privilégié la mise sur pied d’une équipe syndicale musclée unie autour de moi qui a été formée à la défense technique de nos intérêts, oui nous avons bouclé nos dossiers à partir de vos bilans que nous avons compilés et analysés, oui j’ai participé en audio/visio conférences à de nombreux échanges avec les parlementaires, tous les syndicats sans exception, les ministres et tous ceux qui m’entourent, oui j’ai préféré tenir ce carnet de route et de réflexion que de jouer du tam-tam sur les sites, oui je vous ai alerté sur vos obligations légales réelles, oui je réponds tous les jours à toutes vos sollicitations, alerte les Préfets et retiens certains de leurs coups, oui je prépare les semaines qui viennent et nos futurs combats … Sans cet énorme travail de fond, et malgré les réserves, nous n’aurions rien obtenu.

Si tant est qu’il n’y ait que deux attitudes –  (la réalité est plus complexe chez les professionnels, certains ayant adhéré tantôt à l’une, tantôt à l’autre et c’est normal) – nos comportements syndicaux ont été très différents et je viens de vous en donner les raisons.  Pourquoi le nier ?

Mon devoir est d’éviter que cela ne se reproduise pour consolider l’unité et surtout éviter les énormes pertes de temps connus dans le passé récent et la dégradation de notre image.

Ne voyez nulle attaque personnelle, simplement un état des divergences passées, mais après tout la diversité est un droit sacré. Que celles et ceux qui n’ont pas partagé ou ne partagent pas notre position soient assurés que je respecte leurs choix. Je souhaite, simplement, qu’ils respectent que nous ne soyons pas toujours d’accord. L’essentiel est d’arriver à un résultat satisfaisant pour tous  ou pour le plus grand nombre.  C’est en bonne voie !

Voilà (relisez-les, au moins ceux dans le Blog du Président) ce dont attestent mes 60 écrits depuis la phase aiguë de la crise que nous traversons. Ils sont la preuve vivante de ce que j’affirme. Nous avons une politique SNDLL cohérente et réelle avec nos représentants, vous pouvez la jauger, la juger.

Ce que nous faisons répond à une claire exigence de sérieux, de qualité et de défense d’une certaine idée de la profession qui ne se résume pas au sensationnalisme, inversement proportionnel souvent aux résultats.

Surtout, je vous dirai aussi que je pense salutaire par mes propos réguliers de donner à chacun l’assurance qu’il est défendu, que ce que chacun ressens, nous le ressentons aussi, que vous êtes bien entendus, relayés, que le syndicat et ses responsables sont très déterminés et iront jusqu’au bout. Vous savez chaque jour que vous pouvez compter sur nous.

Cela redonne confiance, mobilise et ouvre la ligne d’horizon de l’espérance. C’est essentiel.  

Nous gagnerons !

Cordialement à tous et à chacun,

Patrick MALVAËS