310 jours après : UN NOUVEAU POINT D’ETAPE S’IMPOSE

310 jours après

UN NOUVEAU POINT D’ETAPE S’IMPOSE

 

Au 17 janvier 2021, les dix mois de fermeture sont atteints. Nous n’y voyons pas vraiment beaucoup plus clair qu’au 13 mars 2020 sur la perspective de réouverture, mais convenons que nous devions impérativement dégager une priorité, discuter et négocier les conséquences de notre fermeture.

 

Un bref historique :

Le problème majeur pour notre profession a été d’établir une connexion pérenne avec un interlocuteur gouvernemental. C’est chose faite avec Alain GRISET depuis le 17 juillet 2020. Le bilan que nous pouvons dresser de la relation nouée avec le Gouvernement est contrastée. Les arbitrages intervenants à l’issue de nos échanges avec le Ministre marqueront durablement les esprits et signifient que les auteurs de ces arbitrages n’ont probablement pas encore pris la mesure de ce que représente un arrêt d’activité de 10 mois décidé arbitrairement en l’espace de seulement quelques heures.

 

C’est dommage pour la crédibilité de la parole publique et le respect des interlocuteurs autour de la table de négociation. Comme toujours, le sujet est de savoir si l’on voit le verre à moitié vide ou le verre à moitié plein.

 

Analysons l’avenir en termes d’indemnisation :

Chacun d’entre nous à connaissance des épisodes mouvementés des 10 mois écoulés. Désormais, ce qui nous intéresse c’est l’avenir, nous allons donc enfin être indemnisés, au choix :

  • Soit 20% de notre chiffre d’affaires de 2019 (en moyenne mensuelle ou le mois le mois)
  • Soit 10 000€ (sans avoir à produire de justificatif).

 

Mettons en avant les points positifs de ce nouveau traitement : 

  • Les grandes structures grandes oubliées du dispositif précédent vont enfin pouvoir faire face à leurs frais fixes.
  • Les discothèques de tailles moyennes et de plus petits formats auront le choix entre ces 2 dispositions qui pourront selon leur cas, dépasser le seuil des charges fixes et générer sans le dire une forme de rémunération ou au moins commencer à réalimenter la trésorerie utilisée ces 10 derniers mois, ayant fondue comme neige au soleil.
  • Si les annonces affichées sur le site impôts.gouv.fr sont exactes, la rapidité de paiement n’est sans commune mesure comparable au système dans lequel nous avons été traité jusque-là.

 

L’urgence du moment : réparer les trous dans la raquette :

Si nous acceptons volontiers de souligner les aspects positifs de ce nouveau modèle de traitement, il convient d’en corriger au plus vite les carences pour y associer :

  • Les dancings non classifiés P mais L ou N,
  • Les salles de spectacle qui pratiquent de la musique vivante,
  • Les discothèques n’ayant pas de référence de chiffre d’affaires puisque achetées juste avant ou après la période confinement. Plus généralement toutes les cessions de fonds de commerce qui se sont opérées évidemment sans anticiper la COVID-19.
  • Les établissements en travaux long terme n’ayant qu’un chiffre d’affaires partiel ou inexistant en 2019

Tous ces exemples méritent, sans exception, que le montant de leurs frais fixes soit indemnisé au même titre que n’importe quelle discothèque puisqu’ils sont discothèques.

 

Nous intervenons depuis 5 mois dans ce sens sans avoir à ce jour, obtenu la prise en compte réelle de ces situations. C’est économiquement inacceptable pour les exploitants suscités et politiquement une réelle discrimination. Quelle faute ont-ils commis en dehors de l’obligation ne pas pouvoir exploiter leur établissement fermé par décision administrative du Gouvernement ?

 

Nous allons donc poursuivre nos interventions pour tenter d’obtenir une prise en compte de ces situations le plus rapidement possible.

 

Aujourd’hui, plus globalement où en sommes-nous ?

C’est en ces termes que chacun d’entre nous appréhende la situation du moment.

  • Le système d’indemnisation devient constant jusqu’à la réouverture (réunion du 16 décembre)
  • Le chômage partiel pour nos salariés est maintenu jusqu’à la réouverture sans charges sociales supplémentaires pour nos entreprises (réunion du 16 décembre)
  • Les amortissements 2020 sont neutralisés (confirmation de Bruno Le MAIRE jeudi 14 janvier)
  • La 1ère échéance de remboursement du PGE (pour ceux qui l’ont obtenu) pourra être retardée d’une année (confirmation de Bruno Le MAIRE jeudi 14 janvier)

 

Beaucoup de travail reste encore à réaliser sur l’aspect social :

  • Obtenir la prise en charge des congés payés pour l’ensemble de la durée de fermeture
  • Convaincre que le statut de TNS n’interdit pas le bénéfice d’une prise en charge de l’État d’une rémunération pour chaque exploitant durant la fermeture décidée par L’État.
  • Qui accepterait de se retrouver sans rémunération, sans accès au bénéfice du chômage, durant plus d’une année sans crier au scandale ?
  • Y a-t-il un•e seul•e élu•e de la République qui ait imaginé cette situation pour lui•elle-même ?

 

En conclusion comment devons-nous appréhender la période qui s’ouvre d’ici à l’été ?

Depuis l’annonce du Premier Ministre Jean Castex jeudi soir 14 janvier, nous ne nous faisons pas d’illusion, nous sommes lucides. Deux approches sont aujourd’hui possibles pour notre réouverture :

  • Soit, la vaccination s’avère pertinente en nombre et en efficacité pour l’ensemble de la population à court terme et pour l’été nous allons rouvrir nos établissements
  • Soit la prolifération du virus s’intensifie avant d’avoir vacciné une grande partie de la population et nous serions alors placés dans une saison d’été 2020 bis ce qu’il faut éviter à tout prix

 

Ce sont les raisons pour lesquelles le SNDLL considère que dès maintenant ces deux hypothèses de travail doivent être envisagées dès aujourd’hui : Tout doit être mis en œuvre pour que notre réouverture soit effective début juillet au plus tard. Avec nous, le gouvernement doit anticiper ces situations.

 

Travailler à une prospective réaliste et pragmatique est notre rôle mais aussi et surtout, celui d’un Gouvernement responsable. La question centrale est de connaitre suffisamment tôt une date prévisionnelle de réouverture et ensuite en définir les conditions en tenant compte de nos particularismes et du respect de nos seuils de rentabilité. Les deux situations doivent être analysées en profondeur.

 

Si d’aventure nous ne pouvions rouvrir qu’en septembre, se poserait alors le problème des saisonniers d’été qui après deux exercices complets de non activité devraient être l’objet d’une prise en compte spécifique de leur situation. Les saisonniers d’hiver ont eux aussi des frais fixes jusqu’à leur réouverture.

 

Si le Gouvernement accepte de prendre le temps de devancer quelque peu les évènements avec nous, comme il le fait pour d’autres entreprises, nous pourrions cette fois, dix mois après l’apparition de la COVID-19, faire un état des lieux de la situation réelle des discothèques de France et accepter :

  • D’anticiper avec nous, et apporter le cas échéant les réponses d’urgence aux saisonniers,
  • Définir un plan de relance pour l’ensemble de la profession,
  • Convenir que celles-ci n’ont pas de comparaison possible à un autre acteur de la vie sociale, culturelle et festive aussi encadrée et sécurisée, donc les reconnaitre à l’échelon National,
  • Fixer un objectif commun de reprise d’activité dans la sérénité,
  • Reconnaitre l’exploitant d’une discothèque comme un entrepreneur à part entière comme n’importe quel chef d’entreprise,
  • Inciter politiquement et stratégiquement les banques à financer ces entreprises pour contrer les cessions opaques et soutenir la sécurisation et l’encadrement de la jeunesse par des professionnels expérimentés,
  • Placer la discothèque comme un acteur indispensable à la vie festive et nouer avec les exploitants une relation durable entre eux et les préfectures, les autorités politiques et les forces de l’ordre,
  • Plus généralement, tirer les enseignements de l’expérience de l’été 2020

Bref, remettre à leur juste place nos entreprises souvent méconnues mais dont l’efficacité sécuritaire n’est plus à démontrer.

Se lamenter ne sert pas à grand-chose ; se fixer des objectifs est une nécessité absolue en période de crise. La situation actuelle nécessite impérativement que nous prenions le temps de l’analyse et de définir une orientation claire pour tous nos exploitants. Faisons preuve de réalisme, ne nous laissons pas piéger.

 

Attention à ce fameux protocole sanitaire :

Nous l’avons toujours dit, les pièges tendus dans l’élaboration d’un protocole sanitaire peuvent s’avérer plus terribles pour nous, que la COVID-19. Nous associer à un débat ou une discussion sur le sujet, c’est normal et indispensable.

Nous demander de proposer un protocole c’est nous enfermer dans une démarche ou le Gouvernement dira : « Messieurs, c’est vous qui l’avez voulu ! » Ensuite, découlera une décision d’ouverture généralisée avec protocole sanitaire obligatoire, mais inapplicable réellement et en divisant par 4 ou 5 nos capacités d’accueil clients. Nous ne pourrons pas atteindre le seuil de rentabilité et ce sera la faillite.

Attention à ce que nous faisons, une discothèque n’est pas un restaurant !

 

Tous les lieux de musique amplifiée doivent rouvrir au même moment :

Enfin, une dernière chose doit être exprimée avec force : le SNDLL n’admettra jamais que le Gouvernement accepte l’organisation des festivals et décide d’ouvrir les bars à ambiance musicale, sans y associer la réouverture concomitante des discothèques. L’expérience de 2020, avec les effets d’aubaine constatés, les dérives multiples et la concurrence déloyale qui en a découlé, nous oblige à rappeler avec force cette position unanime des exploitants de notre profession.

 

Dans cet esprit, le SNDLL rempliera pleinement sa mission, vous pouvez compter sur notre mobilisation constante.

 

Courage à tous et à très bientôt

 

 Patrick MALVAËS                    Christian JOUNY