UN SILENCE GOUVERNEMENTAL INQUIETANT

UN SILENCE GOUVERNEMENTAL INQUIETANT

 

 

Chere confrère, chere amie,

Cette fois, c’est fait, nous avons franchi le cap des 11 mois de fermeture. Qui aurait imaginé le soir du 13 mars dernier que nous serions tous à l’arrêt pour une période aussi longue sans aucune perspective de réouverture au 13 février 2021.

COMBIEN DE TEMPS ENCORE ALLONS NOUS RESTER SANS REPONSE ?

A quelle date et dans quelles conditions, réouvrirons nous ? C’est la question centrale. Nous observons nos responsables politiques qui se succèdent dans les médias. Tous nous expliquent qu’ils comprennent, qu’ils entendent, qu’ils font tout pour soutenir les secteurs d’activité touchés par cette crise.

Certes, des mesures ont été décidées. Des aides sont attribuées, notre profession en bénéficie. Toutefois, n’oublions pas ceux d’entre nous qui ne sont pas indemnisés du tout. C’est inacceptable ! Le Ministre Alain Griset ne peut pas dire qu’il ne le sait pas, nous lui avons dit. Bruno Lemaire ne peut pas ignorer ce sujet il en est saisi.

Nous sommes le 13 février 2021. Après avoir perçu le bénéfice des aides de juin à novembre, les exclus du dispositif ont vu les indemnités du fonds de solidarité du mois de décembre leur échapper. Au moment où la mise en ligne du mois de janvier va intervenir (demain ou au cours de cette semaine semblet’il), ils sont parfaitement en droit de s’inquiéter sur le sort qui leur sera réservé ce mois-ci, puisqu’aucune réponse ne leur est apportée.

Bruno Lemaire indique qu’il regarde et veut éviter les effets d’aubaines pour les tricheurs.

Pourquoi encore, ces exploitants seraient victimes de la double peine, fermés administrativement et non indemnisés de leurs frais fixes ?

Des tricheurs il y en a toujours eu, pour ceux-là la réponse est la voix pénale !

Nos gérants de discothèques n’ont évidemment rien à voir avec ces tentatives de fraudes qui, hier justifiaient les contrôles extrêmement sévères dans l’instruction des dossiers en régions et aujourd’hui interdiraient la prise en compte de situations spécifiques.

Nous savons parfaitement identifier un établissement discothèque classé discothèque.

Aujourd’hui, les oubliés du système sont ceux qui ont acheté un établissement fin 2019 ou début 2020, ou encore pour des raisons de travaux, ne peuvent pas présenter un chiffre d’affaire de référence pour 2019.

En échangeant régulièrement avec ces professionnels nous mesurons leur détresse économique, psychologique et morale.Le Gouvernement doit impérativement répondre à cette situation et permettre urgemment le bénéfice de la prise en charge des frais fixes.

Si nous ne contestons pas la pertinence du fonds de solidarité, notre rôle nous oblige aussi à en identifier les carences ou les incohérences. L’exemple des indemnités retraites du gérant déduites des aides perçues pour l’entreprise en est une parfaite illustration.

Comment comprendre cette décision ?

L’indemnité retraite du l’exploitant n’a évidemment aucun lien avec l’activité de la société puisqu’elle découle de la carrière professionnelle du bénéficiaire. Pourtant, celle-ci est soustraite pour chaque société, ce qui signifie qu’une indemnité retraite perçue au titre de la carrière professionnelle du gérant peut être soustraite autant de fois que celui-ci est gérant de société.

En quoi, cette indemnité de retraite est-elle liée aux frais fixes de l’entreprise ?

encore, le Gouvernement doit prendre ces situations en compte et reconsidérer cette mesure socialement injuste et économiquement sans fondement avec l’activité de l’entreprise.

Tous ces sujets sont transmis aux Ministres en charge de traiter la situation des discothèques. L’absence de réponse est insupportable pour celles et ceux qui, chaque jour s’interrogent sur la manière dont ils vont faire face à leurs charges personnelles et familiales.

11 mois qu’aucun d’entre nous ne perçoit pas un seul euro au titre de notre rémunération

11 mois que nous n’avons pas l’accès au chômage partiel pour nous dirigeants

11 mois que nous revendiquons le droit de vivre décemment et de faire face à nos charges familiales

Qui imaginerait pour lui, ce type de traitement ?

Quel est l’élue de notre Pays qui supporterait personnellement cette situation ?

Après avoir fait le choix de prendre des risques personnels qu’ils assument, les gérants de sociétés fermées administrativement méritent mieux que ce mépris caractérisé et attendent encore 11 mois après leur fermeture que cette question soit l’objet d’une réponse.

Le silence gouvernemental auquel nous assistons depuis quelques semaines inquiète très sérieusement la profession.

Si nous pouvons comprendre à la date du 13 février, l’absence de certitude sur le sujet clef de notre réouverture, nous ne pouvons pas accepter l’idée que se reproduise les expériences malheureuses de l’été 2020, par l’absence d’anticipation politique et le refus de réunir « à froid » les organisations professionnelles.

Il est donc indispensable d’anticiper les évènements, de traiter les problèmes d’indemnisation suscités et d’engager comme nous le proposons, la mise en œuvre d’une remise en ordre de la profession.

L’état des lieux après 11 mois de fermeture doit être fait sereinement. Nous sommes la seule activité du secteur marchand à être dans cette situation.

Il est indispensable que nous examinions avec le gouvernement les points suivants :

Normaliser la relation avec le secteur bancaire afin que cesse cette discrimination à l’égard du financement des discothèques.

Allonger la période de remboursement du P.G.E. (4 ans c’est trop court) et hypothèque gravement la reprise économique de notre secteur.

Rencontrer le Ministre de l’Intérieur (notre ministre de tutelle)pour mettre en place sur l’ensemble du territoire une politique de coopération avec les préfectures et les forces de l’ordre.

Définir et Mettre en œuvre un plan de relance de notre activité

Envisager dès aujourd’hui, au moins, une période de réouverture en y intégrant les paramètres économiques pour définir l’approche sanitaire adaptée à notre activité.

En opposition au silence actuel du Gouvernement, nous avons besoin d’une vraie politique d’accompagnement d’une profession à l’arrêt, qui attend avec impatience une approchepragmatique afin de préparer les échéances à venir dans les meilleures conditions.

Rien n’est pire que cette attente interminable, pouvant légitimement être interprétée comme un mépris à notre égard.

Les gérants de discothèques comparent l’attitude du Gouvernement lors de la fermeture des restaurants et le traitement qui leur est réservé : Le constat est éloquent !

L’exemple de Bruno Lemaire qui, quelques jours après l’annonce de leur fermeture, somme les assureurs de geler les cotisations 2021 et leur laisse une semaine pour s’exécuter est une posture intéressante que nous aimerions voire se renouveler à l’égard des banques françaises pour notre secteur. Nous en avons cruellement besoin.

En sa qualité de Ministre de l’économie et des finances, Il en a le pouvoir, mais comme toujours, il s’agit là encore, d’une question de volonté politique.

L’exaspération est bien réelle pour tous les exploitants de discothèques qui attendent désespérément une prise en compte de leur situation.

La détermination du SNDLL est intacte, mais le Gouvernement aurait tort d’oublier qu’une sortie de crise est souvent plus difficile à appréhender que la crise en elle-même.

Pourquoi toujours refuser de tirer les leçons du passé ?

L’histoire démontre pourtant qu’il nous rattrape à vitesse grand V et çà, le gouvernement aurait tort de l’oublier.

Courage à tous

à très bientôt,

Patrick MALVAËS​​​​  ​​​​​ Christian JOUNY