DECOMPRESSION !

Chers amis,

Non sans mal, la phase de crise aiguë est passée (pas la crise chronique, on en est loin, hélas!) et la phase de “sidération” que nous avons vécue quand on nous a imposé de fermer est derrière nous. Reprenons donc notre souffle …et nos esprits !

Mieux que quiconque, je suis bien placé pour savoir l’immense désarroi des professionnels qu’il a fallu gérer, sans y être préparé. C’est bien logique mais cela a été très lourd à porter. Pour nous motiver, moi et mes proches, nous disions que les professionnels portaient eux-mêmes leur fardeau composé à la fois de contraintes financières très très lourdes, parfois désespérées, et de l’obligation de faire le deuil provisoire du métier qui a été toute leur vie, de leurs relations avec les amis clients et le personnel…

Double peine, double déchirement. Donc, nous responsables patronaux, nous devions ne pas avoir d’états d’âme et foncer.

Nous sommes à un tournant de la crise. Toutes celles et ceux qui se battent pour notre métier, ici ou là, syndicalistes ou non y mettent toutes leurs ardeurs. Je n’en disconviens pas. En dehors du domaine syndical, certains, à mes yeux, n’ont pas toujours servi l’image de marque de notre métier, à laquelle je suis personnellement très attaché car beaucoup de nos difficultés naissent précisément de cette image dégradée.

Certains professionnels ne mesurent pas non plus l’abnégation gratuite du syndicat et de ses représentants pour défendre l’intérêt collectif. Je lis, parfois, des attaques à leur encontre, que je n’hésite pas à qualifier de débiles. Je pèse mes mots. Nous n’avons aucun intérêt personnel et sommes tous bénévoles. Mesurez le temps passé ne serait-ce qu’au travers de ce blog !  Alors respectez les syndicats et singulièrement le nôtre. Nous avons tout donné, et le meilleur de nous-mêmes,  jusqu’ici. Tout. Et il faudrait que nous allions plus loin ?

Alors, aidez-nous, on ne demande aucun remerciement, mais chacun d’entre vous a aussi une responsabilité majeure dans cette défense collective. Le syndicat, les syndicats ne sont pas des magiciens. Comme ceux qui m’entourent, chaque jour, je passe des heures et des heures au service collectif. Nous avons beaucoup, beaucoup travaillé. Nous avons relayé vos préoccupations, je le crois, assez bien. Mais à présent votre engagement va être déterminant. Ne vous placez surtout pas dans la position d’assistés ou de dépendants. Ce n’est pas l’attitude de chefs d’entreprises. 

Ces propos peuvent choquer certains, ils ne visent pas tout le monde. Simplement,  beaucoup, sur le plan de la combativité générale, se contentent d’attendre, spectateurs de leur destinée, se donnant l’illusion d’être actifs parce qu’ils postent des commentaires (plus ou moins fins d’ailleurs) sur les réseaux sociaux ou parce qu’ils se mettent en scène… CE N’EST PAS DE LA DEFENSE COLLECTIVE. PAS DU TOUT !

Quand c’est un exutoire, une façon – là c’est bien légitime et ça je le comprends très bien –  d’extérioriser, de “faire sortir” le ressentiment que l’on a en soi du fait d’être aussi injustement privé de notre métier, de notre gagne-pain, s’exprimer est alors une forme de thérapie salutaire. Bravo ! Mais parfois, ce n’est souvent qu’une manifestation d’ego et cela ne sert pas notre défense.

La pire des attitudes, toutefois, est celle de ceux qui se trompent d’adversaire tant est grand leur aveuglement face à la désastreuse situation .  Certains pensent nous être utiles en enfonçant des portes ouvertes ou en nous “secouant” ! Pensent-ils que nous soyons des débiles ou des inconscients ? ou veulent-ils se rassurer sur leurs propres capacités? croient-ils que nous ayons besoin d’être “secoués” alors qu’eux ne se remuent pas ? Que de dialogues vains sur les sites entre Monsieur “y a qu’à … ” et Monsieur “Faut que …”  !!!

Notre doigt pointe les dangers ou les solutions et eux regardent le doigt ! 

On peut tout se dire, mais avec respect, en évitant le “simplisme” qui vicie tout car la situation réelle n’est pas toujours connue. Il existe des tenants et des aboutissants inconnus, des cartes de négociations à ne pas dévoiler par souci d’efficacité etc … Ne jamais penser que l’autre est le plus idiot. Quand on veut s’exprimer publiquement,  il faut tout autant garder son esprit critique et ne pas être prisonnier d’un parti-pris, pire d’un “gourou”, ou encore pire d’intérêts personnels. La modestie doit présider à toute prise de parole dans l’espace public, si on veut être utile au débat.

Pour autant je ne demande pas – surtout pas – de renoncer à ses idéaux. Jamais même si on a le devoir d’améliorer sa pensée et de l’infléchir.

D’ailleurs d’autres,  et il faut aussi  leur rendre hommage, font des observations judicieuses, m’adressent des mails, des suggestions, m’exposent leurs désaccords éventuels ou leur soutien, etc… C’est très sain et utile pour nourrir notre propre réflexion.  Bien que ce soit chronophage, je leur réponds toujours. Merci !

Toutes ces observations personnelles montrent que nous sommes bien dans une crise qui a brouillé la relation au réel mais cela montre qu’il faut s’imposer une discipline si on ne veut pas y perdre son âme ou tout simplement y perdre des raisons de vivre et d’espérer. Pas facile, mais il faut !

Cela est aussi une réponse au coronavirus et à son cortège destructeur.

Bien cordialement à tous et à chacun,

Patrick MALVAËS