Chers amis, chers confrères
La démarche du SNDLL est tout à fait cohérente. Tous nos textes le prouvent.
Les premiers -et longtemps les seuls- nous avons compris que la réponse la plus urgente à la crise de notre filière de la nuit était non pas de rouvrir “à n’importe quel prix” car c’était impossible (ça l’est toujours au jour d’aujourd’hui) en raison du développement et des rebondissements de la pandémie, mais de privilégier l’obtention d’aides matérielles que nous avons obtenues. Le succès de notre opération en a désarçonné plus d’un qui sont toujours fâchés d’avoir été démentis par les faits. Qu’ils comprennent que nous comprenons qu’ils aient pu se tromper de stratégie et aient transformé des opérations de rue ou des opérations escargots en ralliement -même tacite- à notre position ! Sauf pour l’ego, il n’y aucun mal à cela.
Le secteur ainsi placé “sous respiration artificielle” il a fallu faire en sorte que ces aides soient développées en ne laissant personne “au bord du chemin”. D’où notre travail de bénédictin (parfois moqué) d’obtenir des délais pour solliciter les aides, d’où notre travail de ratissage de tous les cas non pris en compte par la lettre des textes. Ainsi nous avons débloqué les aides pour ceux qui touchaient une pension ou/et des indemnités, ainsi nous avons débloqué des dossiers qui étaient gelés en raison de dettes fiscales et sociales antérieures. Mais nous avons aussi “mis sur la table” les cas de ceux qui n’avaient pas encore ouvert ou étaient fermés pour X raisons (travaux, saison, obtention d’agrément de sécurité ou d’autorisation d’ouverture … et n’avaient pas de CA de référence). Nos avons soulevé avec succès la question des dancings ou des cabarets dansants et autres qui sont des établissements de danse mais non P au sens strict car ils utilisent par exemple de la musique vivante. A été abordée par le SNDLL la question délicate de ceux en procédures collectives (observation, règlement judiciaire) pour lesquels les Tribunaux de commerce n’avalisaient pas les plans de règlements, le plus souvent faute de perspectives de réouverture. Enfin plusieurs cas “transversaux”, à cheval sur ces différentes arguties juridiques ont pu être traités. Je pourrais continuer tant la variété des exclus était grande !
Bien évidemment, avec nos services -juridiques, notamment – j’ai personnellement suivi toutes ces situations auxquelles nous avons apporté des éléments de réponse qui ont convaincu, finalement, le gouvernement. C’est un travail de titan que nous avons consacré même à ceux qui n’adhéraient pas au SNDLL. Ce travail de l’ombre, chronophage, est passé inaperçu pour certains, sauf pour les bénéficiaires !
A mes côtés, je l’ai déjà dit plusieurs chevilles ouvrières en dehors de tous nos représentants que je remercie à nouveau. Mais un labeur décisif a été accompli par Christian Jouny, délégué général du SNDLL et Aymeric Chefd’hôtel, responsable Paris/ile de France du SNDLL qui ont abattu un travail colossal, à commencer par écouter mes recommandations qu’ils ont fécondées par leur engagement total. Ils n’ont pas compté leur temps, qu’ils soient remerciés. Ils ont supporté mes observations, suggestions et analyses. C’est grâce à eux, en grande partie, que le travail du SNDLL a pu aboutir.
A la suite de la réunion de ce vendredi 20 Novembre, un point complet vous a été fait. Je n’y reviens pas sauf pour rappeler la colonne vertébrale de notre politique: les aides de toutes natures (y compris le remarquable succès que constitue la prolongation du chômage partiel pour notre secteur jusqu’à la réouverture) ne sont pas une fin en soi ! Nous le savons. Mais il fallait “sauver le soldat discothèque et ses employés”.
Nos buts intermédiaires sont de sauver aussi les plus gros établissements qui ne sauraient l’être par le niveau actuel des aides. Plus de 200 d’entre nous sont concernés. Dans le même temps, et là pour tous, l’indemnisation des charges fixes (le fameux “volet 2”) ne répond pas l’absence de rémunération des dirigeants, quels qu’ils soient, ni à la perte de valeur de nos fonds de commerce. De plus, on ne va pas pouvoir éternellement devoir s’appuyer éternellement sur nos seules charges fixes !
C’est la raison pour laquelle le SNDLL a poussé le plus loin possible sa réflexion et envisagé la mutation de ces aides pour charges fixes en un dispositif plus global. Reprenez mes récents écrits et je l’évoquais “en filigrane” pour ne pas alerter les activistes de tout poil Nous avons avancé “masqués” pour aboutir.
C’est ainsi qu’a germé l’idée d’une indemnisation parallèle sur le chiffe d’affaire et la valeur des fonds de commerce , bien mis à mal. La dernière réunion a vu prospérer nos thèses (reprises par les autres secteurs) et nous devrions (ne pas vendre la peau de l’ours…) déboucher sur un système de choix, intégré par le ministre, entre une aide forfaitaire (que nous demandons égale au niveau actuel: 1 500 + 15 000 €) à laquelle tout le monde pourrait prétendre et à partir d’un certain CA (prudemment a été évoqué 1 million d’€, nous affinons) une indemnisation de 15 à 20 % du CA. Je sais on peut demander plus, le beurre, L’argent du beurre et la crémière ! Je laisse la revendication à d’autres.
Ainsi les plus grosses unités seraient sauvées. Comme pour tous la trésorerie sera un des ressorts d’un redémarrage rapide et réussi que nous souhaitons, nous avons évoqué le report des remboursements des PGE déjà octroyés l’élargissement de ces PGE et leur redéploiement en faisant sauter le verrou des réticences bancaires (Les Banques étaient donc présentes à la réunion, à notre demande) mais aussi le recours à d’autres concours financiers comme les prêts participatifs et divers dispositifs BPI/Banque de France, régions … n’en déplaise à certains, en retard d’une guerre pour avoir mis “leur nez dans le guidon” trop tard, il faut prévoir l’avenir et le redémarrage qui vont nécessiter la mobilisation des trésoreries. On ne repartir pas comme si rien ne s’était passé.
Au vu des chiffres alarmants et de vos remontées, nous n’avons pas oublié ceux qui voulaient arrêter, mettre la clef sous la porte soit volontairement soit sous a contrainte de la liquidation. D’où nos développements en réunion avec le ministre, sur l’aide à la restructuration, à la reconversion mais aussi sur la réestimation de la valeur des fonds de commerce, voire leur reprise.
Vous comprenez mieux, maintenant, le contenu des négociations!
Démarche complexe mais nécessaire. Le SNDLL n’a jamais sacrifié l’analyse à long terme au présent. Il faut voir loin.
Cela m’amène, logiquement, à évoquer la réouverture. Elle ne pourra être envisagée, en l’état actuel de nos connaissances et analyses au SNDLL, qu’au printemps pour une effectivité aléatoire avant l’été voire après si la situation sanitaire le nécessite. Mais notre devoir syndical est de tout faire pour hâter cette réouverture, vitale économiquement, socialement, je dirais même psychologiquement.
Ce n’est pas une raison, je le répète, pour faire n’importe quoi et insulter l’avenir. Dans ce contexte la proposition de protocoles sanitaires -évoquée aussi lors de la réunion comme nous le voulions- n’entrainera pas les réouvertures comme nous le souhaitons, en mode “normal”. Est-ce une raison pour refuser d’envisager ces protocoles ? Bien sûr que non ! mais ânonner comme un sésame miraculeux “protocole! protocole !” est une ineptie qui dissimule mal l’absence de vraie politique et de réflexion sur la durée. Pour deux raisons au moins le contexte ACTUEL ferme les commerces de toutes natures (y compris jusqu’en début 2021 pour les CHR) et on ne voit pas comment il pourrait y avoir une exception aujourd’hui (je dis bien AUJOURD’HUI) pour les discothèques ! La seconde raison est économique: il faudra faire l’arbitrage entre les aides actuelles et un redémarrage aléatoire (déjà nous comptons des échecs) en mode dégradé. Il n’est pas raisonnable de présenter une réouverture aujourd’hui sous un protocole (dont les contours actuels sont incroyablement contraignants) comme la panacée !
J’entends des voix affirmer, parfois avec la véhémence du désespoir, le contraire. Et bien, qu’il soit permis -et nous en sommes d’accord au nom de la liberté- à ceux qui le veulent de rouvrir sous protocole. Notre représentant a même plaidé pour que des aides leurs soient aussi octroyée si ces établissements n’atteignaient pas certains seuils de rentabilité. Il est donc mensonger d’accuser le SNDLL de blocage systématique sur cette question comme il est écrit sur certains sites attisés par des boutefeux, des bateleurs d’estrade en mal de reconnaissance. C’est de la manipulation mentale.
Oui, si la moindre possibilité de réouverture pour certains est possible et avalisée par le gouvernement, nous la soutiendrons mais que l’on ne généralise pas ce système qui n’ intéresse qu’une minorité aux abois à toute a filière. La position du SNDLL est tout à fait claire. Nous ne ferons jamais le bonheur des gens malgré eux. Après il sera de la responsabilité individuelle du chef d’entreprise de choisir ce sur quoi il engage son affaire.
Voilà, sommairement, les mises au point que je tenais à faire pour vous éclairer parfaitement.
Cela dit, pour ceux qui vont caviarder ou caricaturer notre position, n’ayant aucune vraie politique de fond à défendre, il va de soi que notre seul vrai but ultime est la réouverture le plus vote possible !
Cordialement
Vaincre est un devoir. Nous réussirons.
Patrick MALVAËS