RÉUNION CE JOUR AVEC LE CABINET D’ALAIN GRISET
Cher.e.s exploitant.e.s, cher.e.s ami.e.s,
Ce mardi 24 août 2021, nous avons été conviés à un call avec les membres du cabinet d’Alain Griset. L’ordre du jour de cette réunion était le suivant : « concertation sur la suppression des aides ».
En première partie de réunion nos échanges ont porté sur l’analyse de la situation de reprise d’activité des discothèques depuis le 9 juillet dernier.
Nous avons tout d’abord rappelé que 25% à 30 % d’entre nous ont décidé de prendre le risque de rouvrir dans des conditions dégradées compte tenues des exigences sanitaires imposées à notre profession.
Entre le 9 juillet et le 24 août, nous pouvons considérer que près de 45% des discothèques sont sur le chemin de la réouverture progressive et peut être plus si l’on en croit les différentes annonces qui s’intensifient sur les réseaux sociaux.
Nous ressentons bien l’inquiétude légitime des exploitants qui, selon les situations géographiques connaissent des problèmes extrêmement différents.
La réouverture
Certains d’entre nous ont rouvert et se sont trouvés dans l’obligation de refermer leur établissement faute de clients suffisants.
D’autres ne pouvant pas obtenir la mise en place de tests antigéniques à proximité de leur établissement pour pallier à l’absence de vaccination, n’ont pas été en mesure de rouvrir dans des conditions optimales ce qui les a conduit à refermer.
A l’évidence, la reprise d’activité sans possibilité de réaliser des tests antigéniques ne permettait pas d’atteindre le seuil de rentabilité.
Les discothèques qui ont tiré leur épingle du jeu sont les discothèques situées en zones touristiques.
Le mode dégradé (la jauge de 75%) a sérieusement affecté le niveau de rentabilité mais la clientèle a toutefois renoué avec la fréquentation de nos lieux de loisir. C’est le point positif de cette réouverture.
Notons également que le ticket moyen semble avoir augmenté au moins durant cette brève période d’expérimentation.
Nous avons souligné le fait que la clientèle citadine s’étant déplacée dans nos lieux s’est progressivement faite vaccinée.
Nous avons pris certains exemples d’exploitants à dessin qui devant chacun de leur établissement pratiquaient un nombre de tests variant entre 130 et 265 par nuit, aujourd’hui au 24 aout ils en sont à 85 maximum ce qui tend à accréditer l’idée que cette fois une majorité de la clientèle touristique est vaccinée.
La question qui découle de ce constat réalisé sur une période de six semaines consécutives est de savoir si à compter du mois de septembre, la clientèle plus “locale” qui se situe dans “les territoires” (pour employer une expression parisienne) va-t-elle être à l’image de ce que nous avons connu durant la saison ? Ce n’est pas certain…
Clairement en province, la population semble plus réfractaire à l’idée de se vacciner et voir même de réaliser un test PCR ou antigénique avant de sortir en discothèque ou ailleurs.
Le cabinet d’Alain Griset nous a indiqué avoir obtenu des chiffres sur le taux de vaccination de la population des 18 / 29 ans : A ce jour, 65% de cette tranche d’âge est vacciné totalement et 80% l’est partiellement.
Cette information est extrêmement importante pour l’avenir proche de nos entreprises.
Suppression des aides de l’État
Le cabinet d’Alain Griset a souhaité connaitre notre approche sur la suppression des aides accordées par le Gouvernement à notre profession. C’est évidemment un sujet complexe à l’égard duquel plusieurs choses doivent être exprimées clairement.
Tout d’abord, nos entreprises n’ont pas vocation à être sous perfusion de l’État en permanence c’est évident.
Toutefois, la reprise progressive de l’activité discothèque doit selon nous, être accompagnée par notre Gouvernement pour ne pas mettre en péril les établissements déjà très durement touchés par cette crise COVID-19.
Les discothèques sont les seules entreprises ayant été aussi durement éprouvées avec 16 mois de fermeture consécutifs.
Lever la jauge
La première des mesures à prendre est selon nous la suppression de cette jauge de 75% afin de retrouver les moyens de parvenir au seuil de rentabilité dans des conditions normales.
Un réel plan de relance ou de soutien à notre secteur est nécessaire
Lorsque nous disons cela nous pensons à ceux qui vont reprendre en cette période de septembre et qui vont connaitre d’énormes difficultés liées d’une part, à l’absence de vaccination dans certains territoires et d’autre part, aussi parfois à l’impossibilité de pratiquer des tests antigéniques.
Donc, nous pensons que les aides doivent être maintenues en fonction de la situation réelle de l’activité de chacun encore quelque temps afin de s’assurer comme pour le CHR, que l’activité économique reprend réellement pour tous.
Maintien de l’accès au chômage partiel
Les outils d’adaptation du potentiel humain aux charges réelles de l’entreprise doivent être maintenus. L’accès au chômage partiel doit être maintenu plusieurs mois afin de préserver l’emploi direct.
Maintien des aides en fonction de chaque situation
La pertinence de l’approche gouvernementale à l’égard des entreprises françaises durant cette crise COVID, n’est plus à démontrer, mais il faut impérativement la poursuivre non pas indéfiniment, mais encore quelques mois.
priorité AU rééchelonnement du P.G.E
Il convient d’ailleurs nous semble-t-il de l’intégrer au moins partiellement dans la trésorerie de nos entreprises et examiner une remise des deux premières années de remboursement au moins.
Le P.G.E. – pour ceux qui en ont bénéficié – est la charge la plus lourde que nos exploitants vont avoir à supporter sans être capable d’avoir réalisé la trésorerie suffisante pour assumer ce fardeau qui est lié à la décision de fermeture administrative, pas à une défaillance de notre gestion.
Formation remise à niveau investissements
Ensuite, il faut impérativement encourager l’accès à la formation, la remise à niveau du personnel poursuivre les exonérations de charges, faciliter l’accès aux nouveaux investissements.
L’attitude irresponsable des banques
A ce sujet, vous nous avez souvent entendu dire “attention la relation avec les banques n’est pas tenable : les discothèques sont l’objet d’une discrimination inacceptable”. Aujourd’hui, nous vous confirmons que les banques ont de nouveau durci leur approche à l’égard de notre profession.
Nous avons de très nombreux exemples ou les banques disent clairement, « nous ne financerons pas les discothèques c’est trop risqué » .
Pire nous avons eu des exemples depuis le 9 juillet, qui sont révélateurs d’une approche très générale, de la part du secteur bancaire où nos exploitants se sont vu refuser l’ouverture d’un compte courant et l’obtention d’un terminal de paiement…
Nous avons sollicité l’appui du Ministère de l’économie et des finances pour que cesse cette discrimination et que soit mis en application sur le terrain, les belles déclarations des représentants du secteur bancaire exprimées lors de nos réunions en présence du ministre Alain Griset.
Si en responsabilité le Gouvernement ne peut pas obtenir des banques le financement de nos discothèques, alors disons-le clairement, nos entreprises seront dans des délais très courts soit liquidées soient reprises par des acquéreurs peu scrupuleux et pour le coup c’est un vrai sujet politique, qui relève de votre responsabilité.
A quoi aurait servi le soutien financier accordé durant 16 mois, si le Gouvernement ne parvient pas à imposer le financement des discothèques au même titre que n’importe quelle entreprise ?
Nous devons faire bloc contre le fallacieux prétexte que les banques ne veulent pas prendre de risque avec les discothèques suite à l’expérience COVID. Les risques, c’est l’emprunteur qui les prend, pas la banque. Le risque fait partie du taux, ne laissons plus dire n’importe quoi.
Nous ne sommes en aucun cas responsable de cette crise covid, et des dégâts collatéraux liés à notre fermeture de 16 mois.
La B.P.I. : Un outil adapté
Nous avons rappelé que le Gouvernement dispose d’un levier important au travers de la B.P.I.
Il convient peut-être là encore, de mettre en pratique les déclarations d’intentions exprimées au cours de la tournée nationale ou la B.P.I. s’est présentée partout sur notre territoire, comme l’interlocuteur approprié des entreprises.
L’accès aux financements est donc aujourd’hui encore plus que jamais le problème numéro 1 de cette reprise.
Pour conclure, la volonté du SNDLL est claire. Un plan de soutien aux discothèques est plus que jamais nécessaire. Les outils existent, nous avons d’ailleurs fait des propositions à Alain Griset dans le cadre du Plan discothèques, déposé le 19 mars dernier.
Un accompagnement politique et financier responsable
Nos entreprises n’ont pas vocation à demeurer tributaires des aides publiques. Nous souhaitons tous retrouver notre niveau d’activité de mars 2020. Nous nous prononçons pour une reprise d’activité pour tous au plus vite mais nous considérons que cette reprise doit être accompagnée.
Encourager à la vaccination
Nous devons aussi inciter la jeunesse à se faire vacciner, et nous l’avons fait au cours de l’été. La vaccination est la seule réponse de nature à répondre à nos préoccupations.
Tests Antigéniques
Le ministère de la santé doit également favoriser la généralisation des tests antigéniques à l’occasion de cette reprise et ceci sur l’ensemble du territoire.
Commission de sécurité
Nous avons également demandé à nos interlocuteurs de relayer les difficultés rencontrées par certains exploitants concernant les commissions de sécurité. Nous avons quelques exemples où la lourdeur administrative freine et parfois empêche certains exploitants de reprendre leur activité faute de passage de la commission.
Conclusion
Durant un peu plus d’une heure nous avons été en mesure de nous exprimer longuement et nous avons globalement partagé syndicalement le même point de vue.
Nous avons noté que le Gouvernement « n’a pas les coudées franches », sur notre secteur d’activité. Il s’informe et veut connaitre dans le détail les conditions de reprises que nous avons connues, c’est plutôt positif, il s’y était engagé.
D’ailleurs le Président de la République nous avait promis qu’un point sera fait à la rentrée.
C’est aujourd’hui chose faite, nous avons transmis le retour d’expérience de cette réouverture en mode dégradé.
Il y a manifestement urgence à décider de la politique d’accompagnement de cette reprise et c’est précisément ce que nous attendons en retour de cette réunion de ce matin.
Il apparait que l’approche de Bercy se veut plutôt globale à l’échelle du pays c’est ce qui a semblé transparaitre de nos échanges.
Ce n’est qu’un sentiment (le nôtre) toutefois, félicitons-nous de cet échange, maintenant place à l’action concrète et c’est probablement l’exercice le plus difficile sur lequel sera porté jugement de valeur du Gouvernement sur sa capacité à soutenir réellement notre secteur d’activité ou pas.
N’hésitez pas à nous faire connaitre vos problématiques locales, vos difficultés relationnelles avec votre banque afin que nous remontions à Bercy les problèmes rencontrés au quotidien.
Le SNDLL est depuis le premier jour de cette crise inédite, plus que jamais à votre écoute et le restera.
A très bientôt,
Christian JOUNY Patrick MALVAËS