Mes chers confrères et amis,
Je poursuis inlassablement avec mes proches notre engagement collectif pour la défense de notre métier. Au bout de 15 mois, est venu le moment de faire le point depuis le début de la crise COVID, de tout replacer en perspective pour comprendre, analyser, ouvrir des horizons.
Voilà près de 500 articles en tous genres que j’ai rédigés depuis Mars 2020 ! Ils sont techniques (Merci à Christian JOUNY qui m’apporte son concours) ou plus personnels pour élever le débat au quotidien, nous permettre de sortir de cette fange dans laquelle nous baignons, garder l’espoir en élevant le niveau pour dompter l’épreuve.
Ma confiance est aussi intacte que ma détermination. Il doit en être de même pour vous !
Il en faut car chaque jour nous apporte des éléments parfois déroutants (comme cette invraisemblable ouverture-non ouverture en Juillet et les débats surréalistes de ce 11 Mai à l’Assemblée), des lots de rumeurs, surtout des défoulements sur les réseaux sociaux qui laissent parfois pantois par certains commentaires ineptes. Pas seulement des simples professionnels, hélas ! Il est des moments où, si nous ne gardions la tête bien vissée au corps, on risquerait la perdre. Je me refuse à me laisser vider, siphonner, absorber engloutir par tous ces flots. Je comprends que chacun ait besoin de s’exprimer. C’est normal, sain. Mais il y a des limites.
Ainsi, je n’admets pas les manipulateurs du désarroi de nos professionnels qui leur “vendent” (notamment sur des sites plus ou moins fermés) ou leur servent n’importe quoi pour se faire valoir ou pour servir leurs petits intérêts. Sur ces sites le complotisme tient lieu de raisonnement. On accuse des coupables improbables, on se fait mousser avec la moindre enveloppe reçue de l’Elysée, on caviarde les réunions officielles ou en en donne une version orientée. Je me suis refusé de polémiquer, sachant que le bon sens trierait le bon grain de l’ivraie. Pour autant, je suis lucide sur ces agissements qui illusionnent et desservent les professionnels.
Le SNDLL a toujours gardé sa ligne, l’a expliqué au premier jour, et le prouve de façon continue depuis 15 mois. Face à l’ampleur de la crise COVID, au total manque de perspectives pour nos métiers, il fallait et il faut encore, avant tout, négocier des aides pour sauver l’emploi et nos entreprises. Bien sûr il faut garder l’espoir de rouvrir et tout faire pour que ce soit au plus tôt mais il est ridicule d’ouvrir pour ouvrir et d’accepter de le faire dans n’importe quelles conditions. A cet égard les “protocoles” défendus par certains (avec en prime le Pass sanitaire ) ont toujours été ridicules et même aujourd’hui nous n’acceptons pas de faire n’importe quoi et de condamner nos métiers en cautionnant un désastre commercial. Il faut rouvrir mais dans des conditions acceptables, sinon pas la peine !
Cela a heurté et heurte certains mais c’est la politique du SNDLL. La justesse de nos choix initiaux est illustrée par le ralliement de presque tous à ces choix. Nous n’en tirons aucune gloire car seule compte la survie du métier. De plus, j’ai toujours estimé que l’unité professionnelle méritait que l’on laisse les turlupins à leurs turpitudes. Depuis un an on en a vu ! Je n’aurai pas la cruauté de les rappeler. Mais il est bon d’avoir de la mémoire.
Avec la tête froide, comme on en a le devoir, résumons l’historique syndical du SNDLL car certains ont la mémoire courte ou sélective :
1°) que le gouvernement ait voulu, en Mars 2020 puis en juillet, maintenir fermées les discothèques pour des raisons épidémiologiques cela a pu se comprendre dans le contexte de l’époque. Je ne dis pas que je l’approuve, comme certains ont voulu me le faire dire ! Je peux le comprendre, pas la même chose ! Nous étions des lieux confinés dont la principale fonction est de favoriser les rencontres, caractéristiques opposées à la lutte anti-Covid. D’emblée pour de piteuses raisons de positionnement syndical, on m’a attaqué pour avoir pris acte de cette évidence et avoir dès lors défini une politique syndicale adaptée.
La suite a, hélas, prouvé la pertinence de notre constat de départ, même si cela ne me réjouissait pas. Principe de réalisme. Pour autant, je comprends parfaitement que, dans le flou de la situation d’il y a un an, cela ait agacé certains tentés par le jusqu’au boutisme. Je n’en veux à personne. Je comprends.
Je regrette seulement que certains, faute d’avoir des arguments de fond pour contester nos choix, aient préféré les attaques personnelles aussi absurdes sur le fond que perfides: “J’étais à l’étranger” et alors ? accompagnant la lente fin de vie de la personne qui a partagé plus de 40 ans mon existence, décédée il y a peu. Passons, c’est ma vie. Mais cela n’entamait en rien – au contraire ! – ma rage de défendre nos métiers.
Les moyens de communication modernes permettaient et permettent toujours de suivre heure par heure la situation, de l’analyser, de réagir. On se constitue devant le Conseil d’Etat aussi bien depuis l’Asie que depuis Lyon, non ?! Je suis toujours présent sur tous les fronts et les médias. Nous avons mandaté sur place une équipe avec un délégué général COVID (Christian Jouny) qui met fidèlement en oeuvre la politique définie sous mon impulsion par le SNDLL. Toutes les réunions se passent, partout, désormais à distance, de façon dématérialisée pour tout le monde ! Certains devraient changer de siècle. Ma disponibilité, hélas, me permet de m’investir à fond.
Mieux vaut être efficace “de loin” (?!) que de faire du “sur place” ou du “rétropédalage” comme certains s’y complaisent. Mais c’était trop tentant et ils se sont déchainés (quelques uns le font toujours !). Pitoyable air de la calomnie qui fait l’économie d’un raisonnement sur la situation. Paresse intellectuelle.
2°) Dans l’urgence, dès la fin Mai 2020, conscient de ce qui nous attendait, j’ai négocié, seul en visio-conférence (efficace, non ?!) des aides financières avec Mme Agnés Pannier Runacher qui précédait le Ministre Alain Griset. Il fallait, à mes yeux, mettre d’urgence les professionnels sous assistance matérielle. Je l’ai compris de suite. Je n’ai pas perdu de temps. D’autres défendaient (sur place !) des protocoles invraisemblables et pilonnaient mon choix, auquel ils se sont ralliés ensuite ! Principe d’efficacité pourtant. Les faits l’ont démontré. Nous avons eu raison de mettre en place ces aides !
Lors du déconfinement de Juillet 2020, je suis “monté au créneau” à nouveau, avec mes collaborateurs. Nous avons présenté un premier plan pour un redémarrage annoncé en septembre 2020. Las ! l’été meurtrier est venu entre temps et j’ai dénoncé sans relâche auprès de tous les médias, les ministères le scandale d’une réouverture sans les discothèques laissant le champ libre aux terrasses des bars, restaurants, aux rues animées, aux clubs de plage, aux campings, aux raves (bois de Boulogne ou de Vincennes entre autres), aux back rooms, aux saunas de rencontres … J’ai résumé “tout le monde va faire discothèque, sauf les discothèques”. C’est ce qui a entrainé en septembre la deuxième vague qui nous a maintenus fermés.
3°) je demandai dès juin 2020 une régulation, au nom de la santé des Français avant tout, au nom du détournement de notre clientèle aussi. Je ne reviens pas, ici, sur les détails que chacun a pu constater partout ! Je voulais une égalité de traitement. D’où le premier référé du SNDLL au Conseil d’Etat. Pour marquer le terrain, au moins. Cela a eu le mérite, à partie des observations du Conseil d’Etat, de relancer les négociations avec les Ministères. Nous avons ainsi obtenu un élargissement des aides initiales et le maintien de notre régime d’assistance a été pérennisé. Voilà un autre acquis !
Mais d’autres préféraient fin Juin interpeller le premier Ministre dans son bureau de vote, aller faire une manifestation loufoque (“garden party d’Olive” ) sans lendemain, une pantalonnade au BALAJO, manifester lors d’une prestation d’O. VERAN au grand Palais, clamer sur les ondes que l’on allait rouvrir (“branchez les machines à glaçons” !). Les mêmes se joindront aux gilets jaunes en septembre, se ligoteront aux grilles de l’Assemblée Nationale, programmeront des opérations escargot mortes-nées, la semaine écoulée ils iront encore se faire arrêter devant la même Assemblée. j’en passe dont le pathétique épisode du “vous pouvez légalement rouvrir, il y a un vide juridique” dont certains ont fait les frais devant les tribunaux ! Cela commence à faire pas mal d’inepties et les mêmes, en mal de vedettariat, sévissent toujours.
Cela ne sert pas la cause de la profession. Résultat nul, bien sûr, une image dégradée, un renforcement des clichés et idées reçues sur les discothécaires pas sérieux … Cela dit, j’ai parfaitement mesuré tout ce que cela représentait de désespérance et je n’en tiens rigueur à personne. Je ne vise nullement ceux qui, de bonne foi ont rejoint telle ou telle manifestation. C’est compréhensible et même parfois cela a été utile. Oui. Je vise ceux qui en ont fait “leur fonds de commerce” leur donnant l’occasion de se faire valoir, de multiplier les selfies-vidéo à leur propre gloire. Ils ne peuvent même plus s’en passer ! On n’a pas le droit de nourrir son ego du malheur des autres.
En arrière-plan, nous avons, nous, heureusement pour les discothèques, préféré négocier l’évolution des aides, ouvrir l’accès aux deux volets, envisager un élargissement des 15 000 € passés à 20 % du CA, finalement obtenu dès décembre 2020.
4°) L’arrivée avec 2021 de la troisième vague a définitivement anéanti la perspective d’une ouverture rapide au printemps, hélas. Je dis bien “hélas” ! Car les aides ne sont pas une fin et nous voulons travailler, retrouver nos clients, notre personnel, redonner un sens aux métiers des artistes et techniciens. Au SNDLL, nous y travaillons en même temps que nous traitions tous les dossiers d’aides, les laissés pour compte, et les fameux “trous dans la raquette” des aides de Bercy. Travail à la fois de titan et de bénédictin auquel se sont attelés Christian JOUNY et, sur Paris/Ile de France, Aymeric CHEFD’HOTEL. Avec succès et je les en remercie. Des centaines de dossiers ont abouti grâce à eux qui, tous les jours, plusieurs fois même, me tenaient informés. Remercions aussi – et ce n’est pas de la “collaboration” mais de l’honnêteté là encore – le Ministre GRISET et ses services qui en permanence, et toujours aujourd’hui, nous écoutent malgré leurs propres contraintes . Même si tout n’est pas résolu, beaucoup a été fait. On s’échine à faire aboutir les derniers dossiers individuels. Personne ne doit être laissé au bord du chemin !
5°) nous en sommes à une nouvelle étape dans laquelle s’est engagé le SNDLL. En Février-Mars 2021, j’ai -hélas encore une fois- vite compris qu’il n’y aurait pas de printemps du renouveau des discothèques comme nous pouvions l’espérer.
Avec nos représentants nous avons alors préparé fin Mars 2021 un “plan MARSHALL” de réouverture possible des discothèques (voir le site en MARS 2021), poursuivi la défense des dossiers d’aides déjà obtenues pour les pérenniser, les garantir et les étendre A TOUS. Deuxième priorité: poursuivre nos actions judiciaires sur les loyers puisque le gouvernement n’a pris que des mesures “cosmétiques” sur la question. Vous retrouverez sur notre site l’historique de toutes ces actions qui prospèrent mais prennent un temps et une énergie considérables. Il fallait pour nous desserrer l’étau partout, notamment Paris et les grandes villes mais pas seulement !
Perdure aussi le problème des “grosses” discothèques pour lesquelles les nouvelles aides (20% du CA) ont arrangé la situation mais pas suffisamment.
Perdure enfin et s’aggrave la situation des exploitants après plus d’un an sans revenus ni perspectives. Ils subissent une triple peine:
- pas de revenus car ils n’ont pas droit au chômage partiel. C’est inadmissible au bout d’un an !
- ils doivent faire face à des échéances bancaires et financières qu’ils ne peuvent honorer et sont menacés de perdre leur patrimoine personnel
- leurs fonds de commerce, capital de toute une vie pour tout chef d’entreprise, ne valent plus rien.
Sans perdre de temps, une fois encore, nous sommes retournés à BERCY. Vous avez suivi sur notre site les pérégrinations mais je tenais à vous donner le détail de nos motivations. Les plus avertis auront lu mon article du 25 mars sur ce même site où je dévoilais “mine de rien” notre idée sur les frais fixes élargis (dont la situation des dirigeants). Nous avons eu d’autant plus raison que fin avril le plan de déconfinement en 4 étapes enterrait nos espoirs de rouvrir.
Nous venons ce 19 MAI d’obtenir cette nouvelle aide substantielle qui solutionne (on demande un effet rétroactif au 1er Janvier) les questions exposées ci-dessus ! Voilà la réalité des choses et merci à Alain Griset et Bruno Le Maire d’être sensibles à nos arguments.
Des questions demeurent qui sont essentielles comme le poids des congés payés, l’attitude de Banques, le moratoire sur le remboursement des PGE dont nous demandons le report sinon l’abandon et l’intégration dans nos trésoreries propres. Hier Mercredi soir s’est tenue une réunion avec les représentants du secteur bancaire pour améliorer la situation de nos professionnels. Echange très fructueux auquel ne participaient, hélas, que le SNDLL et l’AFEDD ?!! Nous y reviendrons mais il fallait lancer les négociations, et vite !
Resteront les solutions à dégager pour accompagner notre réouverture qui ne se fera pas sans mal. Mais d’ores et déjà le SNDLL s’y est attelé et a formulé des propositions (voir article sur notre “plan MARSHALL”).
Alors que “les chiens aboient” l’essentiel est que “la caravane passe” ! Voilà quelle a été notre politique jusqu’à aujourd’hui. Elle a été cohérente et lucide, claire et sans concessions. Nous gardons le cap. A ce rappel historique vous pouvez mesurer la qualité de notre engagement. Seule compte la survie du métier. Nous pouvons, tous, être fiers du travail accompli !
Alors vers quoi se dirige-t-on ?
Le lendemain même de l’énoncé du déconfinement qui nous ignore, j’ai déclaré sur BFM Business et les media que le SNDLL irait au Conseil d’Etat Certains ont cru “jouer fin” en récupérant au plus vite l’idée, confondant vitesse et précipitation. Peu importe. Au moins nous serons unis dans la procédure 😅
Sur le fond , sans pouvoir présager, nous n’en attendons pas grand chose a priori au niveau de la décision elle-même . Par contre il est sûr que cela a assis notre détermination, le CE peut aussi faire pression sur gouvernement, même s’il rejette la requête. Je pense que dans son analyse il va inciter le gouvernement à faire plus et mieux plus vite. La première action en 2020 avait, à cet égard, été fructueuse. Je croise les doigts. Au moins une fois de plus on aura fait le job.
Déjà, le gouvernement semble plus ouvert, même dans ses conclusions (il se référait subitement à l’aide “couts fixes” que soudain le jour même … un communiqué de M. LE MAIRE confirmait !). Voir notre autre article de ce jour sur le sujet.
J’ai complété les conclusions de notre propre avocat sur des points importants comme la référence au classement en type P ou N et le cas des saisonniers que j’aimerais, au moins eux, faire ouvrir au plus vite ou indemniser jusqu’en Juin 2022. On y reviendra. Il faut toujours “avoir un coup d’avance”.
Cette action au Conseil d’Etat constitue aussi une mesure conservatoire. Nous prenons date car l’été 2020 avait été “l’été meurtrier” où tout le mode, sauf nous, a “fait discothèque” et une seconde vague COVID est arrivée en septembre, logiquement. Pas question de rejouer le scénario avec “l’été de tous les dangers” qui s’annonce et risque repousser aux calendes notre réouverture s’il y a 4éme vague. Nous attaquerons ceux qui laisseront faire et mettrons en cause leur responsabilité.
Le SNDLL a fait un intense lobbying depuis un mois occupant tous les médias. Notre délégué général a rencontré le Maire de La Baule ce qui a entrainé une Tribune des élus du littoral plaidant pour la réouverture de nos établissements qui garantissent la paix sociale surtout dans la période anxiogène actuelle. Un gros travail en coulisse donc également. Je remercie tous nos délégués et représentants SNDLL de tout le territoire de leur travail.
Nous sommes donc bien en place et toujours déterminés, assurés d’avoir “sauvé la Maison discothèque”. Mais quand reprendrons nous ?
Il me semble compromis une ouverture avant la fin septembre 2021 mais nous travaillons sur tous les scenarios et tachons d’avoir toujours, au SNDLL, au moins une idée d’avance et surtout une vision lucide et réaliste de la situation.
Déjà lundi soir nous avons eu un contact avec le Ministère de la Santé (voir notre compte rendu). D’autres réunions sont prévues ainsi qu’une expérimentation de soirées comme cela s’est fait à Liverpool, il y a 15 jours. Vous serez toujours informés en détail.
Pour être tout à fait clair et sans ambiguïté ce que je redoute le plus ce serait une réouverture précipitée avec des conditions insupportables, avec un Pass sanitaire et à la clef un arrêt des aides. L’activisme déployé par certains (tout le monde aura compris) attise ce brasier mortel. Qu’ils se taisent. Nous n’en voulons pas ! Le SNDLL l’a rappelé à plusieurs fois, encore hier au CE, devant le Ministère de la Santé. Mais le gouvernement se sent encouragé par ceux qui réclament l’ouverture le plus vite possible à n’importe que prix. Là ce serait notre mort à coup sûr.
Vous voyez: il faut garder l’espoir et se battre. Nous gagnerons !
Cordialement à tous et à chacun,
Patrick MALVAËS