COMPTE COURANT D’ASSOCIE

 

 

Compte courant d’associé : fonctionnement et fiscalité

Pour faire face au besoin de trésorerie d’une société, les associés, dirigeants ou salariés peuvent mettre à la disposition de la société des fonds appelés avances en comptes courants. Ces avances sont considérées comme des prêts donnant lieu au versement d’intérêts. Les intérêts versés aux associés sont déductibles des bénéfices de l’entreprise à condition de respecter certains critères.

 

Pour faire face à ses besoins de trésorerie, la société peut utiliser différents procédés : recourir à une augmentation de capital, emprunter auprès d’un établissement de crédit ou encore organiser des avances en compte courant (appelé aussi apports en compte courant).

L’associé ou le dirigeant laisse à la disposition de la société une somme d’argent soit en versant des fonds soit en renonçant temporairement à recevoir certaines sommes. Le compte courant d’associé s’analyse en un prêt qui donne à l’associé ou au dirigeant prêteur la qualité de créancier social.

Les modalités du compte courant (rémunération, durée, remboursement, etc.) sont précisées par les statuts ou dans une convention de compte courant(c’est-à-dire un contrat) conclu entre la société et l’associé.

Qui peut réaliser des avances en compte courant d’associé ?

Les personnes pouvant réaliser des avances dites en compte courant et ainsi bénéficier d’un compte courant d’associé sont les suivantes :

  • Associés et actionnaires, personnes physiques quel que soit le nombre de parts sociales (Titre de propriété portant sur le capital d’une société composée de plusieurs associés ou d’actions détenues dans le capital)
  • Dirigeants : administrateur, membre du directoire et du conseil de surveillance, gérant, président de SAS, directeur général, directeur général délégué de SA ou SAS
  • Sociétés commerciales (SA: SA : Société anonymeSARL: SARL : Société à responsabilité limitéeSAS: SAS : Société par actions simplifiéeSCA: SCA : Société en commandite par actions) dont les comptes sont certifiés par un commissaire aux comptes (Membre d’une profession libérale réglementée, chargé du contrôle comptable, financier et juridique d’une société, dont il est indépendant. Il dispose d’un droit d’alerte en cas d’irrégularités dans la gestion du personnel dirigeant..)   Celles-ci peuvent consentir, à titre accessoire, des prêts à moins de 3 ans à d’autres sociétés avec lesquelles elles entretiennent des relations économiques (on parle de « prêt intergroupe » ou de « pool de trésorerie »).

À noter

Il n’y a pas de compte courant d’associé dans une entreprise individuelle.

Quelles sommes peuvent alimenter le compte courant d’associé ?

Le compte courant est alimenté de l’une des façons suivantes :

  • Par la rémunération du dirigeant
  • Par les éventuels dividendes (Partie des bénéfices d’une société distribuée aux associés ou actionnaires. ou remboursements de frais qui n’ont pas été perçus)
  • Par des sommes d’argent déposées volontairement par l’associé, le dirigeant

Dans tous les cas, la personne qui réalise l’avance en compte courant dispose d’une créance (Droit permettant à une personne d’exiger quelque chose d’une autre personne, en général le paiement d’une somme d’argent. Terme souvent utilisé pour désigner la somme due. à l’égard de la société). Les avances en compte courant sont donc enregistrées au passif (Dettes-déduites des ressources de l’entreprise- ou ressources financières immobilisées (capitaux) du bilan de la société).

Lorsque le compte courant d’associé est débiteur, cela équivaut à un découvert de compte courant. Cela signifie que l’associé doit de l’argent à la société.

Il est interdit aux personnes suivantes d’avoir un compte courant débiteur :

  • Dirigeants et associés personnes physiques d’une SARL 
  • Administrateurs et directeurs généraux d’une SA et SAS 

En revanche, une personne morale (c’est-à-dire une société) peut avoir un compte courant débiteur. Cette pratique est courante dans les groupes de sociétés.

À noter

Dans les SCI et dans les Scop  les comptes courants détenus par les associés personnes physiques peuvent être débiteurs.

Le compte courant d’associé est un prêt consenti à la société par un associé. Il peut donc être rémunéré, comme un emprunt bancaire, par le versement d’intérêts à cet associé.

Si l’associé est une personne physique, il n’est pas obligé de percevoir des intérêts et peut librement y renoncer. En revanche, lorsque l’associé qui consent l’avance en compte courant est une société ou une association, l’avance en compte courant est obligatoirement rémunérée.

Le taux d’intérêt est fixé par les statuts ou par la convention de compte courant conclue entre la société et l’associé.

Les intérêts versés aux associés constituent des charges financières qui sont déductibles du résultat fiscal de la société.

Toutefois, cette déduction est limitée fiscalement par un taux maximal d’intérêts déductibles, également appelé « taux de référence  ». Son montant varie en fonction de la date de clôture de l’exercice de la société.

Ainsi, lorsque le taux d’intérêt (fixé par les statuts ou la convention) est supérieur au taux de référence, la partie excédentaire des intérêts versés à l’associé n’est pas déductible du bénéfice imposable.

Tableau – Taux maximal d’intérêts déductibles pour un exercice de 12 mois
Clôture de l’exerciceTaux de référence
Du 31 octobre au 29 novembre 20221,76 %
Du 30 novembre au 30 décembre 20221,87 %
Du 31 décembre 2022 au 30 janvier 20232,27 %
Du 31 janvier au 27 février 20232,55 %
Du 28 février au 30 mars 20232,83 %
Du 31 mars au 29 avril 20233,17 %
Du 30 avril au 30 mai 20233,46 %
Du 31 mai au 29 juin 20233,75 %
Du 30 juin au 30 juillet 20234,07 %
Du 31 juillet au 30 août 20234,36 %
Du 31 août au 29 septembre 20234,65 %
Du 30 septembre au 30 octobre 20234,95 %
Du 31 octobre au 29 novembre 20235,18 %
Du 30 novembre au 30 décembre 20235,39 %
Du 31 décembre 2023 au 30 janvier 20245,57 %
Du 31 Janvier 2024 au 28 février 20245,70 %
Du 29 février 2024 au 30 mars 20245,81 %
Du 31 mars 2024 au 29 avril 20245,88 %
Du 30 avril au 30 mai 20245,92 %
Du 31 mai au 29 juin 20245,96 %
Du 30 juin au 30 juillet 20245,96 %
Du 31 juillet au 30 août 20245,97 %
Du 31 août au 29 septembre 20245,97 %

Exemple :

Un associé accorde à la société une avance en compte courant de 20 000 €. Le taux d’intérêts est fixé à 2,5 %.

La société clôture son exercice le 30 novembre 2023, le taux de référence est donc de 5,39 % (voir tableau ci-dessus).

Au moment du remboursement des fonds, la société devra verser à l’associé 500 € d’intérêts (2,5 % de 20 000).

Toutefois, la société ne pourra déduire que 1 078  € (5,39 % de 20 000) de son bénéfice imposable.

En général, les conditions de remboursement du compte courant d’associé sont précisées dans les statuts ou dans la convention de compte courant.

En l’absence de précision, la créance (Droit permettant à une personne d’exiger quelque chose d’une autre personne, en général le paiement d’une somme d’argent. Terme souvent utilisé pour désigner la somme due.) de l’associé à l’égard de la société est remboursable à tout moment.

Lorsque l’associé en fait la demande, la société dispose d’un délai de 5 ans à compter de la demande pour rembourser la créance.

À savoir

L’associé peut renoncer à son droit à remboursement.

Le remboursement du compte courant peut-il être bloqué ?

Bloquer un compte courant d’associé signifie que la société n’a plus l’obligation de rembourser les fonds apportés. La société dispose alors de véritables capitaux permanents.

Cette décision est prise soit à l’unanimité : Tous les associés ou actionnaires de la société sont d’accord et positionnent leurs voix sur une même opinion. de l’assemblée générale des associés, soit dans une convention de blocage (un contrat) signée entre la société et l’associé. Elle sert ainsi de garantie à l’occasion de l’octroi de crédits par un établissement bancaire.

La société peut-elle refuser de rembourser le compte courant ?

Lorsque l’associé réclame le remboursement de son compte courant, la société ne peut pas le refuser (même en raison de difficultés financières). Elle ne peut pas non plus limiter le remboursement au montant que sa trésorerie peut supporter.

En revanche, la société peut réclamer des délais de paiement (limités à 2 ans) pour rembourser le compte courant.

Que se passe-t-il en cas de redressement ou de liquidation judiciaire de la société ?

Après l’ouverture d’une procédure collective (Procédure destinée aux entreprises qui ont des difficultés financières. Il existe plusieurs procédures selon la situation de l’entreprise et la gravité des difficultés rencontrées : sauvegarde, redressement judiciaire ou liquidation judiciaire. Les créanciers sont collectivement représentés par un mandataire judiciaire ou un liquidateur judiciaire)  la société n’a plus le droit de rembourser un compte courant d’associé. L’associé doit donc, comme tout créancier, déclarer sa créance auprès du mandataire judiciaire (Représente et défend les intérêts des créanciers lorsqu’une entreprise est en procédure collective) ou du liquidateur judiciaire (Nommé par le tribunal de commerce ou le tribunal judiciaire lors de l’ouverture de la procédure de liquidation judiciaire. Il est chargé notamment de gérer l’entreprise durant la poursuite provisoire de l’activité, de procéder à la vérification des créances, de recouvrer les sommes dues, d’effectuer la vente des biens et de procéder aux licenciements des salariés)

Dans cette hypothèse, l’associé est remboursé après les créanciers  privilégiés qui bénéficient d’une garantie (nantissement, gage, hypothèque, privilège, etc.) leur assurant une priorité de paiement sur les autres créanciers de son débiteur, appelés créanciers simples de la société et si les finances de la société le permettent.

Les règles fiscales applicables aux comptes courants d’associé sont différentes pour la société bénéficiaire des avances et l’associé titulaire du compte courant.

 Prenons le cas d’un associé personne physique..

  • Associé personne physique

Les intérêts perçus par l’associé personne physique constituent des revenus de capitaux mobiliers.

Ils sont imposés au prélèvement forfaitaire unique (PFU)de 30 % ou au barème progressif de l’impôt sur le revenu (IR).